Il y a aussi des prisons dans chacun de nous

Publié le par Maïlis

Il y a de nombreuses prisons dans notre vie. Les plus visibles où nous enfermons ceux qui ont transgressé une règle de vie sociale, ceux qui ont violenté ou meurtri leur semblable, pour ceux aussi qui sont en attente de prouver leur innocence ou leur bonne foi.

Il y a des prisons plus subtiles, celles dans lesquelles nous enfermons nos rêves et nos possibles, celles que nous créons par la passivité, le silence ou l’adhésion versatile. Prisons où nous oublions la compassion, la charité et même la convivialité.

Il y a les prisons du non-dit, celles de l’indicible, de l’auto-répression des sentiments et des désirs, celles plus anciennes des oublis ou des maltraitances au meilleur reçu de l'autre.

Il y a les prisons plus secrètes, immobiles ou mouvantes, pathétiques ou désespérantes de l’intolérance et de l’intégrisme aveugle.

Il y a les prisons opaques de l’indifférence, les prisons glauques de l’ignorance, celles du rejet de son prochain, les prisons stériles du non-amour.

Il y a aussi les prisons où nous sommes tentés d’enfermer la beauté pour la dérober aux regards et à l'envie de ceux qui voudraient s'en emparer et la transformer en marchandise.

Il y a les prisons secrètes du cœur où nous tentons de retenir le fragile, ou l'inconstant de nos amours, par la possessivité ou l’appropriation jalouse d’un être cher.

Il y a les prisons sombres et insondables de nos angoisses, celles de nos peurs venues du fin fond de l'humanité ou de notre enfance. Celles où nos désirs inavouables s'affrontent ou attendent l'heure de leur libération.

Reconnaître que nous sommes des forgerons efficaces et d’habiles artisans pour créer nos propres chaînes ne suffit pas à nous en libérer. Encore faudra-t-il apprendre à nous respecter et à nous aimer avec le meilleur de nos possibles. En sortant de nos prisons intérieures, nous pourrions accorder plus d’attention aux richesses de la vie et mieux nous engager pour en sauvegarder la beauté, l’équilibre et la vivance.
En apprenant à cultiver en nous des espaces de rencontres plus humains, plus sensibles et plus accueillants aux coeurs et aux esprits de ceux qui nous entourent, nous ouvrirons à notre tour d’autres prisons, libéreront d’autres perspectives et accueillerons la vie comme un cadeau permanent.

 

 

Publié dans textes et citations

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