Rappelle-toi de ne jamais oublier

Publié le par Maïlis

Si seulement je pouvais ne jamais oublier que je vis sans toi, s'il m'était donné de ne jamais trouver de répit dans ton absence, aucune des joies que la vie dépose sur le seuil de ma porte avec désinvolture ne me trhirait.  Seul un acte aussi délibéré - me rappeler de ne jamais t'oublier - me permet de déceler la vraie nature de ces déceptions futures, de ces faux-semblants psychiques: ils sont désespérément imparfaits...comme chacun des moments où tu n'es pas là.

Crois-tu que ce soit là une attitude extrême?  Pourtant, quand on l'examine avec soin, elle nous révèle son équilibre délicat et secret.

Combien de fois devrai-je encore me rappeler que nous ne sommes pas ensemble?  Plus justement, combien de fois devrai-je redevenir le prisonnier de ce vide douloureux avant de me rappeler que je n'ai jamais cessé de l'éprouver?

Il vaudrait sans doute mieux que je ne connaisse plus jamais le bonheur, car que vaut un bref rayon de lumière s'il ne fait que différer l'inévitable obscurité que ramène ton absence?  Non.  Je n'éprouve aucun plaisir à oublier ma souffrance.  Car, lorsqu'une joie m'est donnée, elle me fuit aussitôt.  Elle n'est qu'un praticable peint; tout au plus le décor qui habille une scène vide et nue.

Cet après-midi, j'ai écouté l'émouvante trame sonore d'un vieux film.  La musique souligne le sort de deux amants héroïques qui cherchent à se retrouver en dépit du destin tragique qui les sépare et semble si déterminé à empêcher leurs retrouvailles.  Ces histoires sont lourdes de vérité.

Je constate que je m'efforce, tout au long de ton absence, d'inventer des façons de vivre sans toi.  J'ai tort.  Sans c'est de la lâcheté.

Je sais maintenant que je dois vivre sans être vraiment vivant, car, sans toi, la vraie vie n'existe pas.  Sans ce vide qu'elle renferme, une tasse ne pourra jamais rien contenir.  (Guy Finley)

Publié dans textes et citations

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